Le grand déblocage

Pourquoi je pleure ce matin ? Christophe est mort. 

Chansons inoubliables, tendres, belles.

Et....

Avec lui il emporte

toute une partie de ma vie.

Ces jours  où nous étions trois

à l'écouter, l'aimer sans l'avoir même rencontré.

Photos illustrant le CD 

Christophe à l'Olympia 2002

merveilleusement réalisé par l'ami

René Ameline, grand ingénieur du son.

Ils se retrouvent aujourd'hui au paradis.

Si je vous dit que je n'ai pas le courage

de l'écouter, me croirez vous ?

Notre ministre de la santé,

suite au désordre de l'affaire Lambert,

nous conseille vivement d'informer  nos proches

de notre dernière volonté.

Voici la mienne...

SI JE DEVENAIS

ASPERGE, BROCOLI, POMME DE TERRE

OU

POMME, POIRE ABRICOT, FRAISE...

MANGEZ MOI...

BON APPÉTIT.

Oui, triste jour celui où assiste à un enterrement ! Oh, ce n'était pas celui d'un ami intime, ni d'un parent.... mais celui d'un  voisin !

Lui, André, lorsque je me suis installée dans ce quartier a été le premier à me parler... nous promenions nos chiens ensemble. Son berger des Pyrénées, Charlie, un mauvais jour, est allé rejoindre   mon Labrador, Hector. Nous avons versé quelques larmes ensemble.

Souvent je le voyais partir en balade avec sa femme Joséphine. Tous deux, main dans la main, comme deux amoureux qu'ils étaient encore... ou toujours... après 50 ans de mariage...

Un autre mauvais jour, je croise André qui m'annonce qu'à l'occasion d'un examen de routine on lui avait trouvé une petite tache... toute petite, que ce ne serait pas grand chose à soigner.... c'était vrai, la petite tache a disparu, mais la saloperie de cancer est allé s'installer ailleurs.

André a lutté pendant deux ans et demi. Aujourd'hui je suis allée lui dire au revoir, à quelques mois près nous avons le même âge...

J'ai embrassé sa femme, son fils et sa fille... je leur ai dit que ma porte et mon coeur leur étaient ouverts...

Entre nous... comme on dit ça leur fait une belle jambe hein ? mais que pouvais je dire et faire d'autre ?

"say hello again"

Il m'a fallu des mois pour admettre que je pouvais vivre sans elle. Je ne sais même pas comment j'ai pu lui dire "hello again".

Je me suis battue, j'ai refusé d'y croire, je disais "quand on perd un enfant, c'est une amputation... un membre ne repousse pas... un enfant ne revient pas !

Et pourtant, elle est là en moi, vivante, visible. Pourquoi j'écris sur elle ce soir, parce qu'elle m'habite, parce que ça me fait du bien de parler d'elle, ma fille Sophie.

Pourquoi je pleure ? parce que accepter de la voir en moi ne supprime pas la souffrance de l'avoir perdue, de ne plus jamais pouvoir la toucher, l'embrasser. L'entendre chanter, la voir bouger comme un petit lutin sautillant quand elle dansait.

Finalement le plus dur n'est ce pas d'en parler à l'imparfait ? c'est totalement imparfait. Désormais quand je parlerai d'elle ici, j'utiliserai le présent.

à suivre... peut être !

Et ça te fait rire, coquine ?

Il y a 14 ans, quelque part dans le monde, une petite fille voyait le jour, poussait son premier cri !

Il y a 14 ans, sur un banc, devant une gare, une maman disait au revoir à une jeune femme !

Elle ne savait pas que cet au revoir était un adieu à son enfant !