17/02/2009
Ma grand mère me disait...
Un jour, alors que je devais avoir une quinzaine d'années, j'ai dit à ma grand mère que Madame Truc était enceinte ! Aïe... quelle honte !
"On dit est en espérance... ou attend un bébé" !
Aujourd'hui, les gamines de 14 ans disent Madame Machin est en cloque... à propos maman t'oublieras pas de m'acheter des capotes, parce que j'ai oublié de prendre ma pilule hier.......
Ma grand mère, arrière grand mère de ma fille, disait : "je me souviens du grand tremblement de terre en19?? (j'ai oublié l'année et le lieu, Grèce ou Turquie où elle a vécu) mais je ne peux pas te dire ce que j'ai mangé hier...
Ma fille, évidemment, Mamy ce que tu as mangé hier, aucune importance, mais raconte moi ce tremblement de terre... alors ? la terre s'ouvrait devant toi ! et toi tu as fait quoi ?
Ma mère me racontait que son grand père maternel, lorsqu'il trônait à la table familiale, disait haut et fort "allez mes enfants, profitez de tous ces biens... quand vous mangez... c'est moi qui grossis"
Aujourd'hui la tendance serait plutôt "tu t'es pesée hier... je te l'avais bien dit, tu as grossi ? Ca suffit, maintenant arrête de te gaver de pain... reprend de la salade"
Ma grand mère ne me disait jamais "viens me faire un câlin ma petite fille chérie, je vais te raconter une belle histoire"...
Jamais elle ne m'a raconté une histoire d'ours, de chaperon ou autre...
Une fois, une fois seulement, je m'en souviens parce que cela m'a marquée pour la vie elle m'a dit "tu sais les grand mères aiment plus leurs petits enfants que leurs enfants"...
Ma grand mère se plaignait chaque jour... elle trouvait (inventait) un sujet quotidien. Il y a une rengaine (si j'ose le dire) qui revenait souvent " Ah, ma gaine est trouée" "et alors Mamy, quelle importance ?" "Si j'ai un accident et qu'on m'emmène à l'hôpital quelle honte !"
Ma grand mère s'est éteinte paisiblement dans son lit à presque 98 ans. A son enterrement, lorsque le rabbin a fait son petit discours, il a prononcé cette phrase "Graziella V... était une femme courageuse, elle ne se plaignait jamais...." . A ce moment, malgré la tristesse et ce lieu qui ne donne pas vraiment envie de rire, accompagné d'un discret sourire, un petit coup de coude léger, de l'un à l'autre, a provoqué un mouvement lent et doux, comme une vague venant s'écraser tendrement sur son souvenir.
Au revoir ma Mamy. Tu étais d'une autre époque... trop pudique pour montrer tes sentiments, mais je l'ai toujours su, je le sais encore
tu m'as aimée... et moi je t'aime encore.
Hé, entre nous, me diras tu un jour comment mon grand père a pu "te faire" trois beaux enfants ? Mystère... comme celui de l'Immaculée conception...
09:29 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souvenirs, quelle époque, évolution
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