Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/11/2009

De l'éducation.....

Le texte que je publie aujourd'hui n'est pas de moi. Il est écrit pas une amie dont l'enfant est en hypokhagne littéraire.

J'ajoute mon grain de sel :  sujet brillant qui vient d'obtenir la meilleure note en dissertation... et qui pourtant est soumise à ce foutu régime ! de loin, il me semble que la confiance en soi est gommée/piétinée au fil des jours.....

Loin d'être une condamnation, elle cherche à comprendre; n'y aurait-il pas d'autre moyen ? si vous avez des idées, des commentaires je les lui transmettrai. Merci.

"L'éducation de nos élites
Un de mes enfants bûche dans une école de prestige dont je tairais le nom. Là n’est pas l’important. Une de ces écoles ambitieuses censées former le fleuron de nos élites futures, les têtes pensantes de notre état, et nos futurs enseignants de renom !!! Brrr ! Un frisson de fierté légitime devrait donc me secouer l’épiderme, me transporter de l’aise repue d’une maman ayant bien œuvré pour le bienfait de l’humanité, alléluia ! Et pourtant, moi l‘anti militariste primaire, l’anti dogmatique, l’anti formatage, je renâcle, piaffe et recule, le nez frémissant d’un refus léger mais présent, devant les modes de faire en usage en ces lieux, dûment rapportés par ma progéniture, et qui sévissent là sans susciter d’interrogations ni de remises en question de qui que ce soit. Le cerveau se dope, se nourrit en ces lieux, se dilate, se travaille comme un muscle qu’il n’est pas ; certes ! Et ce gavage de connaissances, avalées avec un entonnoir digne de Gargantua, impressionne. Le savoir s’accumule dans ces têtes estudiantines en strates ordonnancées, pile après pile, comme des livres ramassant la poussière dans une bibliothèque en expansion pleine, qui n’en finit pas de se répandre en étagères nouvelles. Soit ! Mais à quel prix et pour quel usage ?

Travail harassant, piles de livres à lire en urgence, interminables dissertations, colles hebdomadaires de plusieurs heures qui se transforment en séances d’humiliations « rituelles » forment le lit et le nid de cet enseignement exigeant, réservé à des élèves triés sur le volet, et que l’on invite à se sentir unis dans une famille, en faisant référence à la « maison » que constitue l’école considérée comme le saint des saints. Bien sur, l’enseignement et les professeurs sont de grande qualité et je ne remets pas en cause leur savoir, indéniable . Mais ce précepte du « Souffrez, suez, il en restera toujours quelque chose », ça ne vous rappelle rien à vous ?

J’ai vu quelquefois, et non sans répugnance comme vous l’imaginez, certains documentaires ou reportages sur la formation des unités spéciales de l’armée. Difficile pour moi d’accepter ces politiques de « marche ou crève » ces insultes qui vous mettent plus bas que terre même en sachant qu’aucune gratuité n’y prévaut, qu’il convient de casser pour mieux reconstruire etc ! Tout mon être épris de liberté et du respect d’autrui se refuse à ces pratiques que l’on trouve aussi dans la formation de nos élites sportives. Réussir, oui, mais à quel prix, et pour combien de gens cassés, tombés ? Pourquoi ? Pour qui ? Bien sur, j’extrapole et je divague en amalgamant deux mondes qui semblent aux antipodes. Et pourtant, une forme d’analogie existe et qui me trouble. Rythme forcené, jamais de repos, objectifs quasi impossibles à atteindre, et ce poids écrasant de la hiérarchie professorale, ces pontes gonflés de diplômes prestigieux et qui perpétuent sur ces jeunes ambitieux et curieux d‘apprendre les mêmes modes de faire qui les ont tant fait souffrir et suer, quand ils étaient eux-mêmes étudiants ! Pardon si je généralise outrancièrement, mais la résurgence de propos tenus à ce sujet pose question !

Aussi je m’interroge aujourd’hui, avec des doutes épais et lourds comme la roche tarpéienne. Moi qui ai soutenu, encouragé les apprentissages de mes enfants, prôné ce prodigieux bonheur de la découverte intellectuelle, apprendre, comprendre, sentir, mais en choisissant, en refusant aussi parfois, ai- je fait le bon choix en encourageant mon enfant dans cette voie ? Que diable va-t-il devenir dans cette galère, lui que j’ai choyé de toute mon attention, préservé des enfermements, lui que j’ai voulu libre ? Va-t'il trouver là matière à s'épanouir, un savoir être en harmonie qui reste le corollaire d'un savoir tout court?

Avec au cœur aussi cette demande majeure : et si on inventait une autre façon d’apprendre, inventive, axée sur le réel, dévolue au vivant, au demain ? Et si on apprenait autrement, enfin ? Que de pistes à ouvrir pour que le sens et l’essence prennent le pas sur le par cœur, sur la sommité des savoirs érigés comme une imprenable tour et dont on ne sait ce qui reste vraiment, une fois qu’on en a retiré le sel de la vie…. "