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06/07/2008

Lettre à la mort

Madame
Je ne saurais dire pourquoi, mais je suis persuadée que vous n'êtes pas une "demoiselle" et je me demande qui a bien pu faire de vous une "madame" ! mais ce n'est pas de cela que j'ai envie de vous parler ce soir.
Tout d'abord pouvez vous avoir le courage de me dire en face pourquoi vous avez enlevé mon papa ce jour de juin 1940 ?
Moi, je l'attendais tranquillement. Et voilà, sans demander l'avis de personne, il est parti s'installer chez vous.
A caquse de votre geste ignoble une petite fille heureuse a fait la connaissance de la tristesse, de l'angoisse ! vous m'avez coupée du monde de l'enfance !
Imaginez vous que pendant des années j'ai pensé que ce n'était pas vous qui étiez responsable de sa disparition !
Et si c'était lui qui en avait eu assez de la vie qu'il menait avec nous ?
A cette époque si troublée, l'exode, le désordre... il aurait été si facile de glisser ses papiers d'identité et son alliance sur n'importe quel bonhomme et de prendre, en échange, son identité...
Après tout personne ne l'a vu mort ! maman a reçu un avis de la mairie de Nantes, une alliance et une carte d'identité , et on veut me faire croire que ce sont des preuves !
Mais quand même, je crois qu'il n'aurait jamais été capable d'une telle horreur !
Il nous aimait... il ne nous aurait pas fait croire qu'il était mort !
Tu sais, madame la mort, je peux te tutoyer hein ??? tu m'as fait bigrement mal !
Est ce que tu imagines que pour moi son anniversaire c'était le 18 juin ? je ne connaissais même pas le jour de sa naissance, ni l'année ! Donc chaque année ce jour de juin j'ai pleuré !
C'est curieux de se croire plus triste un jour qu'un autre ! symbole des dates !
Pour une première rencontre avec toi tu as fait fort comme on dit !
Et voilà que tu remets ça ! Je pensais que mon frère et moi n'avions pas eu de chance de perdre notre papa si jeunes !
Et tu viens de nouveau faire un tour dans la famille pour lui faucher sa fille !
Tu aurais pu t'arrêter là !mais non tu récidives... et tu as osé m'arracher ma fille !
Tu, es une immonde salope ! pourquoi as tu eu besoin, comme en prime, de Bernard ! un homme
si plein de vie ! et vlan... en quelques jours... il est aussi parti chez toi !
Je pourrais te pardonner si tu étais belle, douce... si le monde où tu vis était agréable, harmonieux !
Mais non ce n'est que bruit, puanteur, noirceur, laideur...
Je peux te dire qu'il y a une chose que tu ne réussiras jamais ! même au delà de ma mort je me retrouverai avec mon enfant, ma fille, nos cendres seront intimement liées... comme l'a toujours été notre amour l'une pour l'autre !
Tu peux prendre ma vie... mais tu n'auras pas ma mort !

07:58 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

J'adore ce texte. Il montre un humain vivant dans toute sa flamboyance face à l'idée de sa propre finitude. Chapeau madame !

Peter

Écrit par : Peter White | 09/07/2008

Commentaire de ton commentaire :
larmes !

Écrit par : Françoise | 09/07/2008

Le silence en gage de respect pour ce texte émouvant est plus "parlant" qu'un commentaire.
Merci pour ces lignes

Écrit par : jes | 09/07/2008

Un immense merci JES ! tu sais combien j'aime et apprécie l'attention que tu portes à ce que j'écris.
Tes avis me sont très précieux !

Écrit par : Françoise | 09/07/2008

Les commentaires sont fermés.